Faire un bébé par insémination, voilà qui pourrait sembler être un parcours « simple » en matière de PMA, en réponse à une désormais « banale » histoire d’infertilité ?
Mais dans chaque histoire, dans chaque parcours, quels que soient leur
degré de complexité, que de questionnements à accueillir, que d’émotions à transformer,
que d’expériences inattendues à intégrer !
Décider de faire un bébé, tomber
enceinte, vivre une fausse-couche, vivre et revivre encore le
« monstruel » cycle menstruel tout en cherchant « la recette
miracle » pour faire un bébé, enchaîner les examens médicaux, expérimenter
la Procréation Médicalement Assistée, préserver sa vie de couple, ajourner ses
projets, adapter sa vie professionnelle, souffrir de l’infertilité dans sa vie
familiale et relationnelle, … toutes
ces expériences, au cœur de quasiment tous les parcours d’infertilité, sont
racontées avec sincérité dans un style empreint de simplicité et de fraîcheur
par Mathilde G.
Voici un court extrait de son récit, suivi de notre échange. A lire pour
comprendre, pour se préparer, pour se retrouver. Bonne lecture !
Pourquoi moi ?
La conception
est surement la seule chose qu’on ne maitrise pas dans la vie.
Moi qui suis
du genre à tout contrôler, j’admettais encore moins ce fruit (pourri) du
hasard.
La première
question qu’on se pose, c’est bien sûr :
Pourquoi moi ?
Nous n’avons
aucune réponse et nous devons faire avec. C’est hélas le seul moyen de continuer
à vivre.
On se dit
aussi :
Est-ce que je suis normale ?
Bien sûr que
oui. Du moins techniquement et médicalement oui !
Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?
J’ai souvent
pensé que mes erreurs du passé me punissaient.
Mais personne
ne devrait subir ce châtiment. Concevoir dans la douleur.
Nous ne
méritons pas ce qui nous arrive mais une chose est sure, l’énergie et le désir
pour avoir ce bébé ne seront pas donnés en vain…
Je ne suis pas faite pour être mère.
Je l’ai souvent
dit sans le penser.
Je sais que
je serai une bonne mère.
Et vous
aussi.
Il aurait dû choisir une autre femme, capable de lui donner des enfants.
J’ai dû le
dire aussi… mais c’était avec moi qu’il en voulait. Et même si ce n’était pas
possible, il existait toujours des solutions.
Pour votre
homme c’est pareil. Ou alors c’est un con qui ne vous mérite pas.
Et si ça ne marche pas ?
Alors libre à
chacune de trouver un sens à sa vie. A ce moment, je n’en voyais aucun.
1001 fécondités – Mathilde, comment est né ce livre
? De quel parcours ? De quelle nécessité ?
Mathilde Grimault - Ce livre était à la base mon
journal intime. Lorsque je suis entrée en PMA, je n’arrivais plus à canaliser
mes émotions, à exprimer ce que je ressentais et comme j’ai toujours aimé
écrire, je me suis servie de ce journal comme « auto-thérapie ». Je
pouvais y mettre mes colères, mes peurs, mes espoirs sans être jugée. Il m’a
permis aussi de prendre du recul sur ma situation, de relativiser et d’apaiser
certaines pensées négatives.
Je l’ai écrit régulièrement, à chaque besoin et jusqu’au jour précis où
j’ai appris que j’étais enfin enceinte !
Je l’ai laissé de côté jusqu’à la naissance de ma fille…et je me suis
rendue compte que cet écrit ne devait pas rester dans l’ombre ! Bien au
contraire, il permettrait à d’autres femmes de mieux appréhender la PMA (autrement
que par tous les termes médicaux qui ne veulent rien dire) et de soutenir des
couples qui traversent eux aussi ces moments si difficiles. Même si ce livre
s’adresse plutôt aux femmes, j’essaie de ne pas oublier nos hommes qui
souffrent à leur manière et à rappeler que préserver son couple est une lourde
mission mais pourtant capitale.
J’ai donc retravaillé mon journal pour en faire un livre et cherché un
éditeur.
1001 fécondités – « Pourquoi-moi ? »
c’est le titre de l’un de vos chapitres. Est-ce qu’à ce jour vous avez le sentiment
d’avoir donné du sens à votre difficulté fertile et à votre parcours ? Et
si oui, est-ce que cela a contribué à votre acceptation d’une conception par
PMA ?
Mathilde Grimault - C’est une question que l’on se
pose toutes. « Pourquoi moi ? » Dans notre cas, l’infertilité
étant « inexpliquée », on se sentait plus incompétents que
responsables je crois. C’est comme une punition qu’on subit en étant certain de
ne pas l’avoir méritée. Mais alors… pourquoi ?
Aujourd’hui je n’ai pas le sentiment que ce parcours devait être le mien.
Je garde d’ailleurs l’espoir de réussir naturellement un 2ème
enfant. Je ressens toujours de l’incompréhension dans cette épreuve et de la
frustration. Par contre, je réalise depuis la sortie de mon livre que je peux
aider beaucoup de personnes grâce au partage de mon « expérience » et
que même à petite échelle, il est important de se battre pour faire évoluer les
mentalités.
Disons que je mène désormais un « nouveau combat » que j’ai
choisi (et non subi) et que mon livre m’apporte plein d’épanouissement
personnel, de belles rencontres et donne un sens à mon parcours.
1001 fécondités – « Si je dois dire à ma fille
d’où elle vient, je ne dois pas en avoir honte mais en être que plus fière »
écrivez-vous. Qu’est-ce qui vous a permis de passer de la honte à la fierté
d’avoir conçu votre enfant avec une aide médicale ?
Mathilde Grimault - Tout d’abord ma fille bien
entendu. Puisqu’elle est la preuve vivante que ça peut marcher et que nous
avons eu raison de tout faire pour l’avoir. J’avoue avoir mis du temps à me
sentir maman, ce qui est déroutant puisque j’ai tant espéré le devenir !
Je n’y croyais plus et j’ai réalisé que nous avions réussi quelques mois après
sa naissance…
Et ensuite, mon livre puisque c’est vraiment grâce à l’écriture que j’ai pu
accepter mon parcours et en devenir fière. Si je n’avais pas publié, je ne
pourrais pas en parler avec autant de liberté et de facilité.
Je peux enfin prononcer les mots que j’ai écrits, pour justement empêcher
qu’une autre femme souffre en silence de l’infertilité.
1001 fécondités – Vous évoquez l’importance de
sortir du silence autour des fausse-couches, de l’infertilité ; et de bien
s’entourer,. Pouvez-vous nous en dire plus sur les différents types de
personnes à mobiliser autour de soi ?
Mathilde Grimault - En effet lorsqu’on vit ce
parcours, on a très vite tendance à se couper de tout. De ses amies qui y
arrivent trop facilement, des repas de famille où on ne parle que de ça, du
sport parce qu’on a peur de faire une fausse couche au cas où ça marche et du
travail parce que concilier vie professionnelle et vie au CHU c’est un sacré challenge !
On nous dit « de ne pas y penser », donc on préfère ne pas en
parler !
Avec le recul nécessaire, je me rends compte que c’était une énorme erreur.
Je conseille donc d’oser en parler même si je sais que c’est extrêmement
difficile. L’entourage ne peut pas comprendre certaines réactions s’ils ne sont
pas au courant et risquent d’autant plus de nous blesser par des phrases très
maladroites.
Il faut trouver de bonnes amies pour partager tous ces moments. Je dirais
même une amie qui n’a pas de souci ou n’est pas dans un projet bébé (parce
qu’elle saura vous faire relativiser et vous distraire) et une amie qui connait
ce que vous traversez (parce qu’on a aussi besoin de pouvoir parler librement
avec quelqu’un qui comprend tous les termes et qui partagent nos émotions).
L’entourage familial peut être important aussi, selon les relations qui
existent. Beaucoup de personnes de ma famille n’étaient pas au courant et l’ont
appris par mon livre. Je comprends leur réaction d’étonnement, de gêne voire de
vexation. Certains ont compris que ce n’était pas simple et seront présents à nos
côtés si nous devions repasser par là. D’autres ne seront tout simplement jamais
les bonnes personnes pour en discuter.
Enfin, je ne savais même pas qu’une cellule d’écoute et de partage existait
dans le CHU où j’ai fait mes inséminations ! J’y serais sans aucun doute
allée pour me sentir moins seule.
C’est propre à chacun et à chaque personnalité bien sûr mais rester dans le
silence, à ruminer en couple n’aide pas. Surtout qu’on ne se comprend pas
toujours entre mari et femme sur ce sujet si sensible.
1001 fécondités – Le soutien de votre mère semble
avoir été fondamental, en même temps que vous mentionnez son propre parcours
douloureux pour avoir des enfants et le fait que « comme elle » vous
alliez « galérer ». Faites-vous un lien entre vos vécus autour de la
maternité, de mère en fille ?
Mathilde Grimault - Ma maman était en effet un pilier
dans cette épreuve. Le fait qu’elle ait elle aussi connu des difficultés (pas
de PMA mais de nombreuses fausses couches) m’a permis de me libérer plus
facilement et de sentir rapidement encouragée.
Psychologiquement, il est tout à fait possible que je me sois
conditionnée à échouer: « elle a eu du mal, j’en aurai aussi ».
Je pense d’ailleurs que ce genre de souci peut être plus ou moins
génétique ?
Le partage de ce très lourd passage de ma vie nous a indéniablement rapprochées,
sans parler du nouveau lien qui nous unit : ma fille !
1001 fécondités – Merci Mathilde
Je vous remercie Estelle d’avoir pris le temps de lire mon livre et d’avoir
répondu si rapidement présente pour en faire une interview.
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magnifique article, je me sens concernée vous savez...oh vous n'avez pas idée de la souffrance PMA pour avoir un enfant! il faut être passée par l’infertilité comme nous pour le comprendre! c’est un vrai bonheur que d’être maman et j’en rêve depuis longtemps que je suis en PMA, une endométriose sévère et des SOPK avec un AMH à 0.2, le gygy nous envoie en GPA hélas impossible en France, svp peut-on le faire légalement en Espagne avec Eugin ou en Ukraine avec A. Feskov clinic? ou au Canada et en Belgique? merci pour vos conseils ou expériences si vous en avez svp! je déprime!
RépondreSupprimerloraine, fais attention car l'espagne est impossible comme en france, ok pour le canada ou encore Feskov qui a un bureau à bruxelles, regarde ce lien et bon courage, https://mere-porteuse-centre.fr/
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