Cette semaine, France 2 célébrait les 30 ans d’Amandine, premier bébé éprouvette français et diffusait un document intitulé « un bébé nommé désir ».
Génial,
on a parlé de nous, les dits « infertiles », « stériles »,
… en prime time, s’il vous plaît !
FIV, dons de gamètes, dons
d’embryons, gestation pour autrui, vitrification d’embryon, greffe d’ovaires,
bébés-médicaments … diverses techniques médicales de procréation étaient ainsi
présentées de façon plutôt didactique au grand public, avec la caution
scientifique des pontes de la PMA, les docteurs Frydman,
Olivennes
ou Nisand.
Le documentaire et le débat en
plateau qui l’a suivi, centrés sur la valorisation
des progrès médicaux, ont également donné un éclairage
éthique, juridique et psychologique.
Cool,
ma mère, ma tata Raymonde et mon cousin Valentin, vont enfin comprendre notre
galère !
A l’honneur, ce soir là,
• les progrès incroyables de la PMA
en 30 ans
Merci,
merci ! Je me sens pleine de
reconnaissance à l’égard de tous ces acteurs, grands et petits, de la PMA, qui
ont contribué à la naissance de deux de mes enfants !
• des récits de vie touchants, des
parcours incroyables
Ici,
ou là, par bribe, je reconnais nos questionnements, nos émotions, nos
expériences; et surtout la prise de parole d’Amandine, assumant pleinement et
sereinement les conditions de sa conception, m’a émue !
• des questionnements et débats
éthiques
Chaque
acteur social est invité à la réflexion sur les conditions souhaitables pour
l’avenir de la mise au monde d’enfants et du devenir parent. Voilà qui est
plutôt bien !
Et
pourtant,
• je ne peux pas partager
l’enthousiasme de la presse, notamment du Figaro qui loue l’exhaustivité de ce
reportage
• je ne suis pas certaine que cette
émission aura permis au grand public de mieux comprendre notre réalité de
couples, confrontés à l’infertilité; qu’auront
retenu ma boulangère ou ma cousine : que la PMA est un truc de couples qui font
des enfants sur le tard ? Que la FIV fonctionne dans 48 à 50 % des cas ou des
cycles ? …
• j’ai
principalement deux étonnements concernant les choix
journalistiques, qui témoignent d’une forme de cécité sociale :
Pourquoi
les
hommes, les pères
en
devenir,
n’ont-ils qu’un strapontin, dans ce programme ?
Pourquoi le commentaire ne
cesse-t-il de parler de « ces
femmes », de « une maman, son bébé », …
sans presque jamais mentionner « ces hommes », « ce
papa » ?
Pourquoi l’essentiel
des témoins et des représentants de la société sont-elles des femmes … quand
l’essentiel des experts - médecins,
philosophe, … - sont des hommes ?
Certes, dans l’inconscient
collectif, la responsabilité de la fertilité et de l’infertilité, est attribuée
aux femmes de manière quasi exclusive à la femme, et la conception, la
grossesse, la naissance se font hors du corps de l’homme. Certes, pour cette
raison l’implication objective reconnue au père dans les représentations
sociales est moindre et de fait, le processus psychique du devenir-père est
différent du devenir mère.
Certes,
en matière de parentalité en général, et de PMA en particulier, sur la scène
sociale et médiatique, les hommes apparaissent encore souvent en retrait
pratique et émotionnel par rapport au projet d’enfant et aux actes concrets
qu’il nécessite, quand bébé-couette ne vient pas.
Pourtant,
je fais le pari que le vécu intime des hommes en matière d’infertilité est un
continent encore trop méconnu qui mériterait, individuellement et collectivement, toute notre attention.
Pourquoi sont
absents de ce reportage, les couples jeunes, de plus en plus nombreux à avoir
recours à la PMA ?
Pourquoi le contexte
environnemental qui précipite la dégradation de la fertilité, notamment
masculine est-il ignoré ? Comment l’incidence psychologique de ces nouvelles
façons de procréer, la révolution intérieure qu’elle induit pour les personnes
et la mutation qu’elle représente pour l’espèce peuvent-elles être ainsi
oubliées ?
Et les couples pour lesquels la PMA n’a pas fonctionné, ont-ils
droit de cité ?
Je me
réjouis, qu’à contre courant, le Portail de la Science, dépendant du Ministère
de la Recherche, ai relayé ce même jour, 21 février, un article publié par l'INSERM titrant que unquart des couples français souffrent de troubles de la fertilité
La
nouvelle n’est pas réjouissante, certes, et en même temps, cette parole
« officielle », relatant des chiffres enfin proches de la réalité
observée sur le terrain, peut donner l’espoir d’une réflexion sociétale et
d’une action gouvernementale plus en phase avec les enjeux … et peut-être que mon
député, ma boulangère et ma cousine comprennent, et donc agissent, mieux dans ce contexte.
Pour voir
ou revoir l’émission http://www.pluzz.fr/un-bebe-nomme-desir.html
Sur notre chemin
Coucou ma belle,
RépondreSupprimerMerci pour ce billet, ça fait plaisir de te lire! Je n'ai pour ma part pas pu regarder le reportage (replay inaccessibles avec une adresse IP non française!) mais ai lu diverses réactions sur la blogosphère qui allaient dans ton sens. D'ailleurs au passage, il semblerait que M6 ait aussi fait des siennes sur le sujet... (cf. http://onovulepasledimanche.wordpress.com/).
Et du coup je trouve effectivement l'article de l'INSERM super intéressant surtout dans ce contexte.
Le reportage suivant (que j'ai réussi à voir sur internet! Et qui est aussi passé mardi je crois?) était par contre très bien fait je trouve: http://fr.euronews.net/2011/06/23/universcience-les-bebes-de-l-amour-et-de-la-science/
Bises
Kaymet
peut-on renouveler ce genre d'atelier svp? j'envie toutes celles qui ont des enfants, moi je suis en PMA depuis avec des FIV inabouties, ultime chance la GPA selon mon gygy, svp puis-je la faire légalement en république tchèque? ou à Cryos en Espagne ou avec A. FESKON clinic dont parlait Diana à Kiev ou Bruxelles?
RépondreSupprimerc'est jamais facile la PMA et je compatis à ta peine, attention l'espagne ne fait pas de gpa, par conte oui pour Feskov dont tu parles, j'ai regardé ceci dans un groupe gpa Telegram pour infertiles https://youtu.be/As0RZWwx0WE où un couple heureux prle justement de leur heureux parcours avec leur bueau de Bruxelles
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